Ev Zin n°2 - Octobre 2021 | La Grèce, le pays de l'olivier

S'il est un pays qui peut revendiquer le titre de "pays de l'olivier" c'est bien la Grèce ! L'olivier est présent partout, aussi bien dans l'histoire du pays que dans ses paysages et bien entendu, dans sa gastronomie.

L'olivier, un arbre mythique

Déjà, à l'aube de l'humanité, l'olivier est cité dans ce que les mythographes ont intitulé La querelle entre Athéna et Poséidon pour la protection de la ville d'Athènes. Zeus, incapable de trancher le dilemme propose à chacun des deux opposants de faire un don à l'humanité. Les hommes décideront alors quel présent leur semble le plus utile et désigneront ainsi la divinité tutélaire de la ville. Poséidon frappe un rocher de son trident et fait jaillir un cheval magnifique, pouvant porter cavalier et armes, tirer des chars et faire gagner des batailles. Athéna, d'un coup de talon dans le sol fait jaillir un arbre immortel capable de nourrir et de soigner les humains. C'est l'olivier, déclaré don à l'humanité qui fut choisi et Athéna obtint d'assurer la protection de la ville qui portera désormais son nom.

(1) La dispute de Minerve et de Neptune pour savoir qui des deux donnera son nom à la ville d'Athènes 
René-Antoine Houasse, 1689.

L'olivier, un arbre omniprésent en Grèce

L'olivier est partout dans le paysage grec et dès la première approche, on le voit par le hublot de l'avion qui agite sa chevelure vert-argenté en signe de bienvenue. Et que dire de la mer d'oliviers de Delphes ! Âgée de 3000 ans, cette oliveraie est la plus ancienne de Grèce et les grecs de l'Antiquité y pratiquaient déjà l’oléiculture. Traversons maintenant la mer Égée et accostons en Crète. Là, dans les villages de Vouvès, de Kavousi ou d'Azoria, des oliviers millénaires témoignent de la résistance légendaire de l'arbre nourrissant et offrent encore chaque année plusieurs paniers d'olives.

(2) L'olivier millénaire de Kavousi, Crète

Les paysages grecs, ce sont aussi les marchés vibrant de couleurs et de sonorités. Une visite aux halles d'Athènes est une expérience inoubliable, sollicitant absolument tous les sens jusqu'à la saturation. Les étals d'olives proposent toutes les variétés, présentées en monticules multicolores et appétissants. Les noms des variétés exposées font le plaisir des hellénisants, émerveillés par leur précision et leur poésie. On pourra ainsi déguster la Gaïdouroélia "l'olive de l'âne" ainsi nommée car c'est probablement la préférée de l'équidé aux grandes oreilles, la Kolokithati dont la forme évoque celle d'une courgette (kolokithi en grec), l'Aétonichi "la griffe de l'aigle" à cause de son profil rappelant les serres du rapace, la Chondrolia "la grosse" du fait de son délicieux embonpoint, la Prasinolia "la verte" à la belle couleur … verte, la Milolia "l'olive pomme" pour sa ressemblance lointaine avec le fruit, l'Amigdalolia "l'olive amande" en forme d'amande, ou encore la Ladolia "l'olive huile" pour sa richesse et sa générosité en précieux liquide.

(3) Oliviers bordant la mer, Paros (Cyclades)

Enfin, l'olivier et son fruit sont présents chaque jour sur la table des grecs car pour eux, pas de repas sans olives et pas de cuisine sans huile d'olive. D'ailleurs, dans la langue grecque, le substantif λάδι ("ladi", huile) ne précise pas que l'huile est d'olive. Précision inutile autant qu'inélégante, sachant que la Grèce en produit environ 300 000 tonnes chaque année !

* Ev Zin = "La bonne vie"
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(1) René-Antoine Houasse, Public domain, via Wikimedia Commons
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