Ev Zin n°29 | La tradition grecque du nouvel an : la "grenade casée"

« Casser une grenade » le soir du Nouvel An est une tradition grecque qui remonte à l'Antiquité mais que les grecs pratiquent encore de nos jours dans de nombreuses régions du pays.

Des célébrations pour attirer la bonne fortune

La grenade, symbole de fertilité, de profusion, de richesse et de bonne chance en raison de son abondance de graines, est souvent accrochée aux maisons durant la nuit de la Saint-Sylvestre puis fracassée contre la porte principale afin de porter bonheur à la maisonnée.

Le jour de l'An, le chef de famille se rend à l'église en compagnie de sa famille et emporte avec lui une grenade afin qu’elle soit bénie par le pope. Au retour, il frappe à la porte afin de se faire ouvrir et devenir ainsi le premier invité de l’année à entrer dans la maison.

À minuit, toute la famille éteint les lumières et sort sur le porche de la maison. Le propriétaire projette alors la grenade sur le seuil de la porte de façon à ce qu'un maximum de graines de grenade se disperse dans toutes les directions. Plus il y a de grains éparpillés et plus l’année sera prospère ! Puis il proclame : « Que la nouvelle année apporte santé, bonheur et joie ! Que notre bourse compte toute l'année autant de livres (monnaie ancienne) que la grenade possède de grains ! ». Les enfants ramassent ensuite les grains de grenade les plus brillants et les plus mûrs. L'année à venir comptera autant de jours heureux et réussis que de graines ramassées.

(1) Enfant tenant un bol de graines de grenades

Après la cérémonie, chacun rentre dans la maison en franchissant le seuil du pied droit, geste appelé le "podariko" (mot intraduisible mais qui évoque l'idée de "commencer du bon pied") et qui est sensé attirer la chance. La maîtresse de maison offre des pommes et une part de gâteau aux coings à chacune des personnes ayant effectué le "podariko".

Des variations régionales des célébrations

Dans certaines régions de Crète, il est également courant de jeter des grenades dans le feu pour symboliser la purification de l'année écoulée et le renouveau pour l'année à venir.

A Thessalonique, grande ville du nord de la Grèce, certaines familles pratiquent une variante de la tradition où la grenade est écrasée non seulement sur le seuil de la maison principale, mais également sur le seuil de chaque pièce de la maison. Cela est fait pour assurer que chaque partie de la maison est bénie avec chance et prospérité pour l'année à venir.

Dans l'île d'Amorgos, cette cérémonie est pratiquée de manière un peu différente mais tout aussi rituelle. Un membre de la famille revient de l'église en tenant une icône et aux douze coups de minuit fait deux pas pour entrer dans la maison en disant : "Qu'entre la chance !", puis deux pas en arrière en s'exclamant "Dehors la guigne !". Il recommence trois fois ce cérémonial et projette une grenade sur le sol de la maison.

L'expression "Έσπασε το ρόδι" : Un appel à la réussite

De ce rituel est née l'expression "Έσπασε το ρόδι", qui peut se traduire par " Il/elle a cassé la grenade". On l'emploie pour signifier qu'une opération a connu un bon démarrage et qu'elle s'annonce fructueuse. Cette coutume est souvent pratiquée pendant les cérémonies de mariage pour souhaiter bonheur et fertilité aux nouveaux mariés. C'est pourquoi dans les maisons grecques, on rencontre souvent des grenades en céramique utilisées comme objets de décoration en même temps que comme porte-bonheurs.

(2) Grenadier planté devant une maison à Mykonos

"Ev Zin" = "La bonne vie"
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