EV ZIN N°32 - Avril 2024 I Réflexions sur le printemps.

Deux divinités de la mythologie grecque sont traditionnellement associées au printemps : Thallo, la troisième déesse grecque des Heures dont le nom signifie en grec "floraison" est la fille de Zeus et de Thémis, une Titanide. Le rôle des Heures était primordial pour régir la vie sur Terre et guider les humains. Thallo intervient à la fin du solstice d’hiver, pour accompagner le réveil de la nature à la sortie des heures froides. Elle réactive la sève des plantes endormies, relance l’éclosion des bourgeons, la floraison et la croissance de la végétation. Personnification du printemps, Thallo célèbre la lumière et l’énergie nouvelle qui remplacent la pénombre de l’hiver.

Perséphone quant à elle abandonne à chaque printemps la pénombre des Enfers pour  retrouver sa mère Déméter . Enlevée par Hadès alors qu'elle cueillait des fleurs, celle qu'on appelle aussi Koré - la jeune fille - partage son existence entre deux mondes opposés : d'un côté le monde d'en bas, "la maison d'Hadès", là où les rayons du soleil ne percent jamais et où résident les ombres des morts ; de l'autre côté - ou plutôt au dessus -, le monde terrien, celui du vivant éclairé chaque jour par Hélios qui, selon Homère "porte la joie dans le cœur des hommes".  Pour les grecs anciens, l'élément vital n'était pas l'air mais bien la lumière et mourir n'était pas cesser de respirer mais ne plus voir la lumière. Cette même lumière qui va favoriser la renaissance de la végétation - les plantes et les fleurs s'épanouissent, les arbres bourgeonnent et les animaux sortent de leur léthargie - et permettre à la vie de se développer. Le mythe de Perséphone marque bien le lien qui unit l'humain à la Terre mère - personnifiée par Gaïa la mère de toute chose -. et à la lumière sans lesquelles la vie ne peut pas se développer.

La tradition du Martis rappelle également la dépendance de l'homme vis à vis de la nature qui l'entoure au moment où tout revient à la vie. La coutume veut en effet que l'on fête l'arrivée du printemps en tissant un bracelet de fils de coton rouges et blancs. Le Martis doit être fabriqué dès le dernier jour de Février pour l'avoir au poignet en sortant de la maison le 1er Mars. Utile le Martis car il est réputé protéger des premiers coups de soleil qui frappent dès le début du mois de Mars ! Il se porte jusqu'à la fin du mois et ce n'est qu'à la vue de la première hirondelle que l'on peut l'enlever. Il est de coutume de le laisser alors sur un rosier afin que l'hirondelle puisse le récupérer et s'en servir pour aménager son nid. Sinon, il faudra le brûler avec la flamme récupérée le soir de Pâques.

Enfin, il y a le terme "Άνοιξη" pour désigner en grec le printemps, dérivé du verbe ανοίγω pour "j'ouvre" et qui évoque la saison de l'ouverture des bourgeons et des fleurs mais aussi et plus généralement l'ouverture d'un nouveau cycle de vie. Nous entamons donc en ce printemps un nouveau cycle, éclairé par une nouvelle lumière qui prendra toute sa force lors des célébrations de Pâques ( le 5 Mai pour les orthodoxes) qui parachèvent la symbolique du passage de la mort à la vie.