Ev Zin n°22 - Juin 2023 | Les quartiers d'Athènes : Anafiotika , l'oasis tranquille au cœur d'Athènes

Athènes, une capitale atypique

Athènes n'est pas une ville au sens que nous donnons habituellement à ce terme à savoir une réunion organique et relativement considérable de constructions régie par une logique urbanistique et se caractérisant par une certaine individualité. Non, Athènes est un patchwork de quartiers différents possédant chacun leur histoire, leur personnalité et leur culture. Le touriste qui chemine dans la capitale grecque, le nez dans son guide et attentif à rallier les sites les plus fameux ne peut s'apercevoir qu'il franchit une frontière séparant les villages que sont en réalité les quartiers athéniens.

(1) Athènes, patchwork de quartiers à l'architecture différente. 
Au loin se distingue le mont Lycabette

Insensible aux subtiles nuances de la capitale qui pourraient lui indiquer un changement de territoire, il ne remarquera pas les manchettes des journaux exposés aux kiosques, les couleurs bigarrées des fanions des clubs de foot - vert pour le Panathinaïkos, jaune et noir pour l'AEK, rouge et blanc pour l'Olympiakos - , un air de rébétiko qui s'échappe d'un appartement, ou encore le parfum d'un jasmin qui embaume une cour. Il continue sa progression et pourra bientôt regagner son hôtel avec le sentiment du devoir accompli : avoir "fait" Athènes.

Partons aujourd'hui à la découverte des quartiers d'Athènes, explorons ensemble cette multitude de mondes différents qui font d'Athènes une mégapole certes bruyante et désordonnée mais aussi tellement attachante.

Anafiotika, un village cycladique au cœur d'Athènes

Commençons par le quartier le plus emblématique de la capitale grecque, celui qui figure sur tous les dépliants touristiques mais qui recèle des secrets bien cachés : Plaka. Situé sur le versant nord-est de l'Acropole autour des ruines de l'ancienne Agora, le quartier le plus ancien d'Athènes peut apparaitre aujourd'hui comme un vaste supermarché touristique de peu d'intérêt pour qui recherche l'âme grecque.

(2) La place Monastiraki en plein cœur d'Athènes au pied de l'Acropole 
est l'une des grandes zones commerçantes de la ville. 

Cependant, en empruntant la rue Erechtheos et en montant encore un peu plus vers l'Acropole, nos pas nous mènent à Anafiotika, quartier bien caché et un peu secret - aucun panneau n'indiquent le chemin - qui ne compte qu'une quarantaine de maisons pour moins d'une centaine d'habitants. Dans la montée, au bout de la rue Erotokritou, l'église Agioi Anargyroi et sa petite cour ombragée nous invitent à la quiétude et rappelle que le lieu était occupé autrefois par un monastère dont il reste encore quelques cellules. Les Saints Anargyres - littéralement  "les saints sans argents"en grec ancien - étaient deux frères : Cosme patron des chirurgiens et Damien patron des pharmaciens, qui soignaient gracieusement les habitants du quartier succédant ainsi au culte ancien d'Asklépios.

Après cette pause bienvenue, reprenons notre ascension vers Anafiotika, véritable labyrinthe aux ruelles étroites et pavées. Des chats se prélassent au soleil, les maisons blanchies à la chaux sont égayées de plantes vertes et de fleurs : on se croirait dans les Cyclades !

(3) Deux chats sur le rebord d'une fenêtre du quartier d'Anafiotika

Un hommage à l'île d'Anafi

Anafiotika doit son nom à l'île d'Anafi, un petit caillou de moins de 40 km carrés perdu en mer Égée, au nord de Santorin. Au milieu du XIXe siècle, des tailleurs de pierre d'Anafi, poussés par la faim vinrent s'installer à Athènes pour y exercer leur profession. Le travail ne manquait pas ! Il fallait reconstruire la ville qui venait d'être proclamée capitale de la Grèce le 1er Décembre 1934, et qui était réduite à l'état de ruines. Ils s'installèrent au pied du rocher éternel et baptisèrent le quartier Anafiotika - "la petite Anafi" - en hommage à leur île d'origine.

(4) Une ruelle du quartier d'Anafiotika, où l'architecture et les murs blancs peints à la chaux rappellent les Cyclades.

Une atmosphère hors du temps

Au fil de la promenade, nous nous trouvons devant la petite église d'Agios Georgios, datant du XVIIIe siècle, avec son dôme bleu et blanc qui se dresse fièrement parmi les maisons blanches. La place centrale, entourée de tavernes et de cafés pittoresques, est l'endroit idéal pour s'imprégner de l'atmosphère chaleureuse du quartier. En levant les yeux, nous admirons les ruines antiques de l'Acropole, créant un contraste saisissant entre l'ancien et le nouveau.

(5) L'église Agios Georgios surplombe le quartier d'Anafiotika

Aujourd'hui, le quartier d'Anafiotika est une île dans la ville, comme une parenthèse dans le tumulte et l'agitation qui règnent dans les rues en contrebas. En face du 8 de la rue Stratonos, le mur et les escaliers ressemblent à tous les murs et tous les escaliers du quartier. Sauf qu'en y regardant de plus près, on discerne une multitude de petites peintures sur les marches et les pierres, œuvres modestes de Giorgos Koutlidis, peintre grec qui résidait là.

Enfin, terminons notre balade en haut de la rue Stratonos qui longe le bas de l'Acropole, profitons du magnifique panorama sur Athènes : en face le mont Lycabette en toile de fond et derrière nous, le rocher de l'Acropole, les murs fortifiés et le drapeau grec qui flotte.

"Ev Zin" = "La bonne vie"
Crédits photos
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